La pandémie du coronavirus a chamboulé beaucoup de choses dans nos habitudes de vie. Il n’est par exemple plus possible de se déplacer comme nous le faisions avant la crise sanitaire, les transports publics ne permettant pas de respecter la distance de sécurité. Sachant que le réseau routier risquerait d’être asphyxié si tout le monde devait recourir à la voiture, de nombreuses collectivités en France comme en Europe des plans d’aménagement dits tactiques. Objectif, modifier rapidement, leur aménagement urbain afin de faciliter la pratique de la marche à pied, du vélo et des autres moyens de mobilité douce. S’agit-il d’un phénomène passager ou d’une tendance de fond ? Allons-nous avoir droit à un encadrement juridique ? Des éléments de réponses dans cet article.
L’urbanisme tactique : qu’est-ce que c’est ?
Même si elle ne dispose pour l’instant pas de base juridique, la notion d’urbanisme tactique a été théorisée en 2010 par l’urbaniste Mike Lydon. Elle se définit de ce fait, comme étant une intervention à un échelon local (place publique, rue, intersection), à court terme et à faible coût, résultant d’une initiative locale ou privée. Cette initiative peut être portée par les usagers d’une rue, les habitants d’un quartier ou les utilisateurs d’une piste cyclable jugée non sécurisée. De façon concrète, c’est le fait par exemple pour les habitants d’un quartier de créer eux-mêmes un passage piéton avec de la peinture parce qu’ils en auraient constaté le besoin.
Un urbanisme véritablement tactique ou une simple mesure d’urgence ?
De cette définition, on comprend aisément que les populations sont eux-mêmes, à l’initiative et à la réalisation de tout projet d’urbanisme tactique. Lorsqu’ils incitent donc l’Etat et les collectivités locales à élargir des trottoirs ou à créer de nouvelles pistes cyclables, on ne saurait donc plus parler d’urbanisme tactique. Ceci parce que les critères de l’initiative locale et de l’échelle locale (intersection ou rue) ne sont plus applicables.
Dans le cas d’espèces, les stratégies d’urbanisme actuellement développées, ne le sont qu’en réaction à la crise sanitaire du COVID 19. Nous pensons donc qu’il serait judicieux d’écarter le terme urbanisme tactique pour lui préférer celui d’urbanisme d’urgence. Cet urbanisme d’urgence consistant donc à un ensemble de mesures d’aménagements temporaires prises uniquement dans le but de répondre rapidement à une crise.
Certaines mesures pourraient subsister au-delà de la période post-crise
Nous pensons notamment aux pistes cyclables en raison de l’usage du vélo qui a connu un boom en 2020. On estime à 11.000, le nombre de vélos vendus sur cette seule année, soit une augmentation de 354%. On imagine donc mal, ceux qui auront pris goût à l’usage du vélo, décider de ranger leurs bicyclettes pour retourner au bus comme par le passé. Pour l’instant, nous ne sommes qu’à une étape de spéculation, et le dernier mot reviendra sans doute à l’Etat et aux collectivités locales. Mais en attendant, on ne saurait écarter cette possibilité, d’autant plus qu’elle est soutenue par la progression des vélos à assistance électrique (VAE).